Être une mère, c’est perdre une partie de soi pour en découvrir une autre

Il y a des rôles qu’on choisit. D’autres qui nous tombent dessus comme une évidence. Et puis, il y a la maternité.

Pas celle qu’on voit dans les pubs ou les albums photos soigneusement filtrés. Pas celle des petites robes blanches, des bébés qui dorment et des mères épanouies. Mais celle qu’on vit. Celle qui chamboule. Celle qui épuise. Celle qui transforme.

Être une mère, ce n’est pas juste “devenir parent”. C’est un avant qui meurt. C’est un après qu’on ne comprend pas tout de suite. C’est un processus lent, viscéral, intense, qui change la façon dont on se voit, dont on aime, dont on existe.

C’est un effondrement. Et une renaissance.

On ne parle pas assez de ce qu’on perd

Devenir mère, c’est une initiation. Et comme toute initiation, ça commence souvent par une forme de perte.

On perd du sommeil, bien sûr. Mais on perd aussi du silencedu temps videde l’espace intérieur. On perd l’illusion qu’on maîtrise notre vie. On perd le droit de s’effondrer sans qu’il y ait des conséquences. On perd cette légèreté d’exister pour soi seule, de faire un détour sur un coup de tête, de rêvasser sans interruption.

On perd des parts entières de notre identité. Des élans. Des ambitions peut-être. Des routines qui nous tenaient debout. Des désirs qui nous rendaient vivantes.

Et on ne le dit pas assez, mais parfois, on perd aussi un peu de notre joie. Pas tout le temps. Pas pour toujours. Mais pendant un moment, elle devient secondaire, comme suspendue, mise en veille. Et ça fait mal. Même quand on aime son enfant plus que tout, il y a ce deuil discret : celui de soi-même.

On continue de sourire, de gérer, de nourrir, de laver, d’aimer. Mais dedans, il y a un espace en friche. Une pièce vide qu’on n’ose pas toujours ouvrir.

Et ça aussi, c’est être une mère.

Être mère, c’est vivre entre gratitude immense et fatigue extrême

Il y a cette dualité permanente. Ce paradoxe qui ne se résout jamais vraiment. Tu regardes ton enfant et ton cœur déborde. Et une heure plus tard, tu es au bord du craquage, tu n’en peux plus, tu veux juste qu’on t’oublie cinq minutes. Tu t’en veux. Tu culpabilises. Tu te juges. Et tu recommences.

C’est ça, la réalité émotionnelle de la maternité. Une vague continue d’amour et d’épuisement. Une tension entre le don de soi et l’oubli de soi.

Tu es attendrie et épuisée. Présente et absente à toi-même. Pleine d’élan et en même temps, lessivée.

Et dans ce tourbillon, tu tiens. Par réflexe. Par amour. Par force aussi, même si tu ne te sens pas forte. Tu es là, encore et toujours, à donner. À rassurer. À nourrir des petites âmes… pendant que la tienne crie parfois en silence.

Mais ce qui fatigue le plus, ce n’est pas seulement ce que tu fais. C’est ce que tu retiens. Toutes les fois où tu ravales une envie, un cri, une larme. Toutes les fois où tu fais passer l’autre en premier sans qu’on te remercie. Toutes les fois où tu ne t’autorises pas à dire “j’en ai marre”.

Et malgré tout ça, tu aimes. C’est ça qui est fou. C’est ça qui est puissant.

On découvre une part de soi qu’on n’avait jamais rencontrée

Et puis un jour, entre deux lessives, deux colères, deux câlins, tu remarques autre chose.

Une force. Un instinct. Une sorte de boussole intérieure. Quelque chose de nouveau, que tu n’avais pas avant. Un ancrage. Une capacité à sentir l’essentiel.

Tu vois ton enfant, tu le comprends sans qu’il parle. Tu anticipes ses besoins. Tu sens ses émotions. Tu deviens cette présence constante, solide, rassurante. Et tu te dis : “Mais d’où ça me vient ?”

Ça ne vient pas de l’extérieur. Ça vient de toi. D’un endroit que tu ne connaissais pas encore.

Être mère, c’est découvrir une version de soi qui ne s’était jamais révélée. C’est devenir multiple. À la fois fragile et puissante. À la fois perdue et lucide. À la fois humaine… et presque animale.

Et cette découverte, elle ne se fait pas en douceur. Elle se fait dans les égratignures du quotidien. Dans les nuits blanches. Dans les moments de solitude. Dans les doutes. Dans la répétition. Dans l’amour brut.

Et malgré la fatigue, tu continues. Tu deviens. Tu avances.

Être mère, c’est aussi réveiller des blessures anciennes

Ce dont on parle peu, c’est de ce que la maternité fait remonter.

Les peurs qu’on avait oubliées. Les manques d’amour. Les blessures d’enfance. Les colères rentrées. Les mots qu’on a entendus trop souvent, ou pas assez. Tout ça revient. Par surprise. Par vagues.

Ton enfant te regarde, te parle, te rejette parfois. Et tu revois des scènes. Tu ressens des émotions que tu croyais réglées. Tu te retrouves face à ta propre histoire.

Parfois, c’est douloureux. Parfois, c’est guérissant. Mais dans tous les cas, c’est profond.

Être mère, c’est être ramenée à soi. À ce qu’on a reçu. À ce qu’on aurait aimé recevoir. Et ça demande du courage. De la patience. De la lucidité.

Mais c’est aussi une chance. Parce qu’en choisissant de faire autrement, tu guéris un peu pour toi. Et beaucoup pour eux.

Être mère, c’est s’oublier sans s’effacer

Il y a cette ligne fine qu’on apprend à marcher. Celle entre le don de soi et l’oubli total. Celle entre l’amour immense et la disparition de soi.

Parce qu’on t’a appris que pour être une “bonne mère”, il fallait tout donner. Se sacrifier. Se taire. Mettre l’enfant au centre. Être disponible. Être douce. Être forte. Être là. Toujours.

Mais ce que personne ne t’a dit, c’est que tu peux aimer sans t’oublier. Que tu peux dire “j’ai besoin”, sans être égoïste. Que tu peux poser une limite sans être une mauvaise mère. Que tu as le droit de te choisir, parfois.

Et surtout, que ton enfant a besoin de voir ça. De voir une mère vivante. Une mère qui rit. Une mère qui doute. Une mère qui respire. Pas une fonction qui s’épuise en silence.

Alors oui, tu donnes. Tu donnes beaucoup. Mais n’oublie pas de t’inclure. De revenir à toi. De te rappeler que tu es encore une femme. Une personne. Une histoire à part entière.

On ne revient jamais vraiment à celle qu’on était

C’est vrai. Il y a un point de non-retour. Une fois que tu deviens mère, tu ne redeviens jamais exactement celle que tu étais. Parce que tu as été traversée. Parce que quelque chose en toi s’est déplacé. Parce que tu as vu la vie de trop près pour rester la même.

Mais ce n’est pas une perte. C’est une mue. C’est un passage.

Tu vas retrouver certaines choses. Tes élans. Ton énergie. Ton désir. Ta créativité. Mais elles auront une autre saveur. Une autre densité. Tu seras plus pleine. Plus enracinée. Plus consciente.

Et parfois, tu seras fatiguée. Et ce sera normal. Et ce sera humain.

Mais tu ne seras pas seule. Tu seras habitée par tout ce que tu as traversé. Et ça, c’est une puissance que rien ni personne ne pourra t’enlever.

Et si tu sens que tu t’es oubliée un peu trop longtemps, que tu veux retrouver des morceaux de toi que la maternité a mis en veille, je te recommande sincèrement ces 52 exercices puissants conçus par Francis Machabée. C’est une personne que je respecte profondément pour sa capacité à ramener les femmes à leur centre, avec bienveillance mais sans détour. Ces exercices t’aident à te reconnecter à ce que tu es, en dehors du rôle, du rythme, du don permanent.

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Par Gabriel Tellier

Gabriel Tellier bouscule les certitudes et pousse à l’action. Avec un regard lucide et des conseils concrets, il aide à mieux comprendre ses blocages, à se remettre en question et à avancer vers une vie plus épanouissante.