Je t’écris sans rien attendre en retour. Ni pardon. Ni excuses. Ni prise de conscience tardive. Ce n’est pas une lettre pour provoquer une réaction. Ce n’est pas un règlement de comptes. C’est une libération. Une façon de poser des mots sur ce que j’ai trop longtemps enfoui. Une manière de reprendre l’espace que tu as rempli sans jamais vraiment me voir. J’écris parce qu’il est temps de parler. Parce que pendant trop longtemps, j’ai été la seule à me taire.
Tu m’as prise dans tes bras comme on prend possession d’un bien précieux. Avec délicatesse, oui. Avec une fausse douceur. Avec cette intensité qui rend accro. Tu savais créer l’illusion d’un lien rare, puissant, presque sacré. Et moi, affamée de reconnaissance, j’ai plongé tête première. Tu me disais que j’étais spéciale. Que tu n’avais jamais rencontré quelqu’un comme moi. Tu savais trouver les mots, les gestes, les silences qui désarment. Tu savais jouer du mystère comme d’une arme de séduction massive. Et j’ai foncé. Aveuglée. En confiance. Parce que je voulais y croire.
Mais pendant que tu m’appelais « mon amour », tu commençais à redessiner mes contours. Tu n’as pas eu besoin de cris, ni de violence ouverte. Tu n’as jamais levé la main. Tu n’en avais pas besoin. Tu étais plus subtil que ça. Tu as doucement semé le doute. Une remarque sur ma sensibilité. Une critique sur ma façon de réagir. Un haussement de sourcils quand je m’exprimais trop fort. Et moi, j’ai absorbé. J’ai rationalisé. J’ai minimisé.
Tu ne m’as pas dit de changer. Tu m’as fait croire que c’était moi qui devais m’adapter. Et je l’ai fait. J’ai arrondi mes angles. J’ai lissé mes émotions. J’ai étouffé mes instincts. J’ai ajusté ma lumière pour ne pas t’éblouir. J’ai commencé à me taire dans des moments où, autrefois, j’aurais parlé fort. J’ai appris à marcher sur des œufs là où j’aurais voulu danser. J’ai appris à me taire là où j’aurais dû hurler.
Chaque fois que j’effaçais un bout de moi, tu me regardais avec satisfaction. Tu me disais que j’étais plus posée. Plus mature. Tu me félicitais de m’être calmée. Tu m’encourageais à être « plus simple ». Et j’ai cru que c’était ça, être aimée : mériter l’approbation de celui qui dit t’aimer, à condition d’être plus facile à gérer.
Je me suis regardée m’effacer dans le miroir, un peu plus chaque semaine. Ce n’était pas flagrant au début. Juste un regard un peu plus vide. Un éclat en moins dans les yeux. Une voix moins ferme. Un rire moins spontané. Mais c’était là. Lentement. En silence. Tu m’embrassais pendant que je m’effondrais de l’intérieur. Et j’ai laissé faire.
Je croyais que je t’aimais. Mais en réalité, je voulais être aimée par toi. Par ce que tu représentais. Par ce que je croyais que tu allais me réparer. J’ai confondu l’attention avec l’amour. J’ai pris tes silences pour de la profondeur. J’ai pris ta froideur pour du mystère. Et j’ai cru que si je faisais tout « bien », alors tu finirais par m’aimer complètement.
Mais on ne peut pas être aimée quand on est invisible. Et tu ne regardais jamais la vraie moi. Tu regardais celle que tu avais façonnée. Celle que tu pouvais contrôler. Celle qui faisait moins de vagues. Celle qui te rassurait. Celle qui ne dérangeait plus.
Et moi, pendant ce temps-là, j’ai commencé à me perdre. À me trahir. À m’oublier.
Ce que tu m’as fait, ce n’était pas spectaculaire. Ce n’était pas un film dramatique. C’était insidieux. Lent. Perpétuel. Et c’est ce qui le rend encore plus violent. Parce qu’il n’y a pas de moment-clé. Pas de bascule nette. Juste une succession de petits renoncements, de petites morts, jusqu’à ce que je ne sache plus très bien où j’avais disparu.
Aujourd’hui, je ne veux plus t’accuser. Tu n’as plus ce pouvoir. Je veux surtout me parler à moi. À celle que j’ai abandonnée pendant que je me battais pour être aimée. Je veux lui dire que je suis désolée. Que je n’aurais jamais dû la délaisser pour quelqu’un qui la voulait réduite. Que j’aurais dû l’écouter quand elle criait. Quand elle pleurait en silence. Quand elle se sentait trop lourde, trop intense, trop vraie pour toi.
Je reconstruis. Je prends mon temps. Je redécouvre des parties de moi que j’avais anesthésiées. Mon rire. Mon intuition. Mon envie de m’exprimer sans m’excuser. Mon besoin de vibrer fort. Mon feu.
Et je sais que je ne veux plus jamais être aimée au prix de mon identité.
Tu m’as embrassée pendant que tu effaçais qui j’étais.
Mais aujourd’hui, c’est moi qui reprends le pinceau. C’est moi qui réécris mon nom là où tu l’avais gratté. C’est moi qui relève la tête. Même si elle tremble encore. Même si la peur est toujours là.
Et si toi qui lis ces mots, tu ressens ce que je décris… si toi aussi t’as l’impression de t’être perdu(e) dans les bras de quelqu’un qui ne te regardait pas vraiment… sache que tu n’es pas seul(e). Et surtout, que tu peux revenir à toi.
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Tu m’as embrassée pendant que tu effaçais qui j’étais. Mais aujourd’hui, c’est moi que j’embrasse en entier. Sans condition. Sans réduction. Et cette fois, je ne me quitterai plus.
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