Le poids des non-dits sur le corps qu’on traîne toute une vie

Il y a des phrases qu’on garde à l’intérieur. Des mots qu’on ravale. Des émotions qu’on compresse pour ne pas déranger, pour ne pas être rejeté(e), pour rester aimé(e). Et avec le temps, on finit par croire que c’est réglé. Que c’est passé. Que ce qu’on n’a pas dit s’est éteint. Mais la vérité, c’est que ça ne disparaît jamais vraiment. Ça change juste de forme.

Et quand ça ne peut plus sortir par la bouche, ça sort autrement : par le dos qui se bloque, la gorge qui serre, le ventre noué, le souffle court, les insomnies qui reviennent sans raison apparente. Ton corps devient le théâtre muet de tout ce que tu n’as jamais osé dire. Et cette pièce-là, elle joue en boucle, jusqu’à ce que tu l’écoutes enfin.

1. Le corps : cette mémoire vivante des silences

Le corps enregistre tout. Même ce que tu veux oublier. Surtout ce que tu veux oublier. Un non-dit, c’est une tension retenue, un cri étouffé, une vérité muselée. Et ce que tu retiens émotionnellement, ton corps le retient physiquement. Il le stocke. Il l’accumule. Il le transforme.

Tu penses que ta fatigue vient du rythme. Que tes douleurs sont « normales ». Mais parfois, elles viennent de bien plus loin. D’un conflit non réglé. D’un chagrin refoulé. D’un stress qui n’a jamais été nommé. D’une émotion qu’on a décidé de ne pas écouter. C’est pas dans ta tête. C’est dans ton corps. Et ton corps, lui, ne ment jamais.

Il parle. Il t’envoie des signaux. Et quand tu refuses d’entendre, il crie plus fort. Parfois à travers un simple mal de tête. Parfois à travers une crise de panique. Parfois à travers un épuisement inexplicable qui semble venir de nulle part.

2. Les non-dits de l’enfance (et les secrets familiaux)

Quand t’étais petit(e), il y avait des choses qu’on ne disait pas. Des drames maquillés en normalité. Des tensions déguisées en silence. Des colères muettes. Des absences qu’on ne commentait pas. Tu apprenais à lire entre les lignes, à sentir ce qui n’était pas dit, à deviner les émotions derrière les visages fermés.

Tu ne comprenais pas tout, mais tu ressentais tout. Et parce qu’on ne t’expliquait rien, tu t’es construit(e) autour du flou. Tu t’es habitué(e) à ne pas poser de questions. À ne pas déranger. À faire comme si tout allait bien. Tu as appris à enfouir tes émotions, à ne pas mettre de mots sur ce que tu vivais. Et tu as grandi avec ça.

Et ce réflexe, tu l’as gardé. Tu l’as intégré jusque dans ta chair. Résultat : tu t’excuses d’exister, tu retiens tes émotions, et ton corps encaisse. Encore. Et encore. Et parfois, tu ne sais même pas d’où ça vient. Tu ressens juste un poids, une lourdeur, une oppression constante qui t’épuise.

3. Les phrases qu’on aurait dû dire (et qu’on rumine encore aujourd’hui)

« J’aurais dû lui dire. » Combien de fois tu t’es dit ça ? Ces mots restés coincés dans la gorge, que tu rejoues la nuit. Ce moment où t’as voulu parler, mais t’as pas osé. Par peur de déplaire. De blesser. D’être rejeté(e). Par peur d’être vu(e) vraiment, peut-être.

Et ces phrases non prononcées, elles restent. Elles tournent. Elles prennent de la place. Pas dans la bouche, mais dans le corps. Tu somatises. Tu fais des cauchemars. Tu ruminent. Tu ressens des montées d’émotion que tu ne comprends pas. Et tu finis par croire que c’est ton caractère. Que t’es comme ça. Mais en réalité, c’est juste des émotions qui cherchent la sortie. Qui cherchent une issue. Qui frappent à l’intérieur depuis des années.

Et parfois, ces mots-là ne sont pas juste pour les autres. Ils sont pour toi. Pour ton propre passé. Pour cette version de toi que tu n’as jamais écoutée, jamais défendue, jamais crue. Et ton corps, lui, n’a rien oublié.

4. La peur d’exprimer : entre loyauté et autocensure

Tu ne dis pas tout ce que tu ressens. Parfois, tu ne dis même presque rien. Parce que tu ne veux pas blesser. Parce que tu veux être loyal(e). Parce que t’as appris que le silence, c’était plus sûr que la confrontation. Et surtout parce que tu crois qu’exprimer, c’est être faible. Ou égoïste. Ou dramatique.

Mais à force de te taire, tu te coupes. De toi. Des autres. Tu joues un rôle. Tu fonctionnes. Tu fais ce qu’il faut. Et ton corps, lui, porte le vrai scénario : celui où tu vis à l’intérieur ce que tu ne montres jamais à l’extérieur. Résultat : tu ressens un mal-être flou. Une fatigue morale. Des douleurs qui tournent en boucle. Des petites explosions internes qu’on appelle des symptômes.

Tu fais attention à tout. Mais tu t’oublies. Tu fais attention aux autres, à ne pas prendre trop de place, à ne pas être trop. Mais tu oublies que toi aussi, t’as besoin d’espace. De dire. De relâcher. Et ton corps, lui, te le rappelle.

5. Comment ça ressort (quand ça ressort)

Parfois, le corps finit par exploser. Pas en violence, non. En symptômes. Tu fais une crise d’angoisse sans comprendre pourquoi. Tu fais un burn-out alors que “tout allait bien”. Tu perds ton appétit. Ou tu manges sans faim. Tu dors mal. Tu t’agites pour rien. Ton corps parle. Il crie même. Et souvent, t’écoutes trop tard.

Ce que tu n’as pas dit sort en maux. En fatigue. En tensions inexpliquées. Et tu ne fais pas le lien. Parce qu’on t’a appris à séparer le corps et l’émotion. Alors tu cherches la cause extérieure, mais elle est en toi. Dans tout ce que tu as mis en sourdine. Dans toutes les larmes que t’as pas laissées couler. Dans toutes les colères que t’as étouffées. Dans toutes les fois où t’as dit “ça va” alors que rien n’allait.

Et là, tu comprends. Tu réalises que ton dos porte peut-être une charge qui n’est pas que physique. Que ta gorge nouée cache peut-être une colère. Que ton ventre crispé contient peut-être une tristesse. Que ton souffle court traduit une anxiété silencieuse. Et que ce corps-là t’aime. Il t’aime assez pour ne pas te laisser continuer comme si de rien n’était.

6. Libérer le corps, c’est parfois dire ce qu’on n’a jamais dit

Tu n’as pas besoin de crier. Ni de régler toutes tes histoires du passé. Tu as juste besoin de commencer à dire. Dire ce que tu ressens. Ce que tu n’as jamais osé poser en mots. Ce que t’as gardé pour toi, souvent trop longtemps.

Parfois, une lettre non envoyée suffit. Parfois, pleurer enfin ce qu’on n’a jamais pleuré. Parfois, nommer ce que tu ressens dans l’instant, même si c’est flou. Juste nommer. Et déjà, le corps relâche. Il se détend. Il souffle. Il remercie.

Parce qu’il n’a jamais eu besoin que tu sois parfait(e). Il avait juste besoin que tu sois vrai(e). Que tu sois avec lui. Que tu l’écoutes. Que tu te reconnectes. Et c’est ça, la première guérison.

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Parce que ton corps te parle. Et tu mérites, enfin, de l’écouter. Tu mérites de libérer ce que tu n’as jamais dit. Et tu mérites de vivre dans un corps qui ne porte plus ce que ton cœur n’a jamais osé exprimer.

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Par Gabriel Tellier

Gabriel Tellier bouscule les certitudes et pousse à l’action. Avec un regard lucide et des conseils concrets, il aide à mieux comprendre ses blocages, à se remettre en question et à avancer vers une vie plus épanouissante.