Tu ne liras probablement jamais ces lignes. Et peut-être que c’est mieux ainsi. Peut-être que ça t’épargnera une seconde de lucidité que tu ne veux pas avoir. Peut-être que ça t’évitera d’affronter ce que tu préfères oublier. Mais moi, j’ai besoin de les écrire. J’ai besoin de les sortir, pour ne plus les porter. Parce qu’il y a un moment où le silence devient trop lourd. Et ce silence, tu m’y as enfermé(e) pendant bien trop longtemps.
Ce que je veux te dire n’a rien à voir avec la vengeance. Ce n’est pas une lettre de règlement de comptes. Ce n’est pas non plus un appel déguisé pour te faire revenir. Ce que j’ai à dire, c’est plus profond que ça. C’est ce que j’ai gardé pour moi pendant des mois, peut-être même des années. C’est ce que j’ai ravalé à chaque fois que j’ai souri en disant « tout va bien », alors que j’avais le cœur en miettes.
Tu sais, tu m’as laissé(e) dans un sale état. Pas forcément brisé(e) d’un coup, pas de manière violente et évidente. Non. Tu m’as détruit(e) petit à petit. À l’usure. Avec des gestes anodins. Avec des silences assassins. Avec des remarques qui semblaient anodines mais qui piquaient juste assez pour que je commence à douter. Tu m’as vidé(e) sans même lever la voix. Et c’est là que c’est le plus pervers. Parce que quand ça ne crie pas, quand ça ne frappe pas, personne ne voit. Même toi, tu n’as peut-être pas vu. Mais moi, je l’ai senti. Profondément.
Je me suis effacé(e). Lentement. Jour après jour. J’ai commencé à faire attention à ce que je disais, à marcher sur des œufs, à anticiper tes réactions, à m’excuser d’exister un peu trop fort, un peu trop souvent. Je me suis demandé ce que j’avais fait de mal. Où j’avais merdé. Pourquoi, malgré tous mes efforts, tu me regardais avec ce mélange de froideur et d’ennui. Pourquoi tout ce que je donnais semblait toujours insuffisant. J’ai essayé d’être plus doux/douce. Puis plus fort(e). Puis plus discret(e). Puis plus fun. Mais rien n’y faisait.
Et pendant ce temps, toi, tu vivais. Tu riais, tu sortais, tu dormais paisiblement pendant que moi, je refaisais toutes les scènes dans ma tête à deux heures du matin, en cherchant ce que j’aurais dû dire autrement. Tu continuais ton chemin pendant que moi, je perdais le mien. Je me suis retrouvé(e) à douter de tout : de moi, des autres, de l’amour, de la confiance. Tu ne m’as pas seulement blessé(e) émotionnellement. Tu m’as fait perdre mes repères. Tu m’as fait croire que j’étais trop ou pas assez, que je méritais ce vide, ce manque, ce désamour.
Et pourtant… malgré tout ça, malgré les nuits blanches, les crises d’angoisse, les sourires forcés en public, malgré la honte que j’ai ressentie à ne pas être « aimé(e) comme il faut »… je suis encore là.
Je suis encore là. Debout. Cabossé(e), oui. Fragile, encore. Mais vivant(e). Résilient(e). Et surtout, un peu plus lucide. Je ne suis plus la même personne. Tu as marqué mon histoire, c’est vrai. Tu as laissé des traces. Mais ces traces ne sont plus une fin. Elles sont devenues une matière brute avec laquelle je reconstruis quelque chose de plus vrai, de plus fort, de plus aligné.
Je n’ai plus besoin de ton approbation. Je n’attends plus que tu comprennes. Je n’ai plus envie que tu me valides, que tu m’expliques, que tu m’aimes. Parce que maintenant, je comprends quelque chose de fondamental : ce que tu m’as fait n’avait rien à voir avec ma valeur. Ton incapacité à aimer ne m’a jamais rendu(e) moins aimable. Ton regard blessant ne définissait pas qui j’étais. C’est toi qui étais incomplet. C’est toi qui n’étais pas prêt. C’est toi qui projetais ton mal-être sur moi, et moi, je l’ai porté comme si c’était le mien.
Aujourd’hui, je dépose ce fardeau. Je refuse de continuer à me définir par ce que tu as fait ou pas fait. Je refuse de te laisser diriger ma vie depuis ton absence. Tu ne contrôles plus rien ici. Tu n’as plus le pouvoir.
Et si un jour tu tombes sur ces lignes, même si j’en doute, j’espère qu’il y aura une petite fissure dans ton armure. J’espère que quelque chose en toi, même un éclair minuscule, comprendra. Pas pour toi. Mais pour toutes les personnes que tu pourrais encore blesser si tu ne te réveilles pas.
Et toi, qui lis ce texte…
Si tu sais ce que c’est de te perdre dans une relation, de t’éteindre à petit feu, de douter de toi à cause de quelqu’un d’autre… je veux que tu saches ceci : tu n’es pas seul(e). Et surtout : tu n’es pas cassé(e). Tu es blessé(e), oui. Mais tu peux guérir. Tu peux te reconstruire. Tu peux apprendre à poser des limites, à dire non, à dire stop. Tu peux réapprendre à t’aimer. Et surtout, à ne plus laisser personne définir ce que tu vaux.
Et si tu ressens ce besoin de te reconnecter à toi-même, de remettre du sens, de la clarté et de la force dans ta vie intérieure… je te recommande ces 52 exercices puissants créés par Francis Machabée, un expert reconnu en psychologie positive que je trouve profondément inspirant. Ce n’est pas une solution miracle. Mais c’est un vrai point de départ. Une façon concrète de te retrouver, pas à pas, sans pression, avec douceur et honnêteté.
Parce que tu mérites une vie qui ne te détruit pas. Tu mérites une vie qui te nourrit. Tu mérites un amour qui te construit.
Ce texte, je ne l’ai pas écrit pour tourner la page.
Je l’ai écrit pour reprendre le stylo.
Et maintenant, c’est à toi.
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