Guérir, ce n’est pas fonctionner à nouveau. C’est se libérer de ce qui t’habite encore. Trop souvent, on croit que guérir, c’est aller mieux. C’est recommencer à sortir, à sourire, à se lever sans avoir le cœur trop lourd. C’est être capable de refaire tout ce qu’on faisait avant, comme si ça suffisait à prouver qu’on a tourné la page.
Mais la réalité est plus sournoise. Parce que ce que tu appelles guérison, ce n’est peut-être qu’une adaptation. Tu as réappris à vivre, oui. Mais pas toujours à ressentir. Tu fais ce qu’il faut, tu t’intègres, tu avances. Mais à l’intérieur, ce n’est pas la paix que tu ressens. C’est juste le silence. Le silence de ce que tu n’as jamais réellement affronté.
Guérir, ce n’est pas seulement réussir à fonctionner à nouveau. C’est se libérer de ce qui continue de t’habiter sans que tu le voies clairement. C’est dénouer les tensions invisibles qui, malgré les apparences, sont encore là. C’est arrêter de te dire « ça va » quand ton corps parle à ta place. Quand ton énergie se vide sans raison, quand ta patience s’effrite sans explication, quand tu réagis plus fort que nécessaire à des choses en apparence banales… c’est peut-être parce que tu n’as pas guéri. Tu as simplement appris à faire comme si.
Faire semblant d’aller bien est devenu une norme. Mais ce n’est pas une libération
On valorise la force, la résilience, la capacité à encaisser sans broncher. On félicite ceux qui se relèvent vite, qui reprennent leur vie en main, qui avancent sans se plaindre. Alors toi aussi, tu t’es adapté à ce modèle. Tu t’es félicité de ne plus pleurer. Tu t’es convaincu que si tu ne souffres plus autant qu’avant, c’est que tout va mieux. Mais en vérité, tu t’es juste entraîné à ne plus montrer ce que tu ressens. À ne plus écouter ce qui remue encore. Tu t’es ajusté au monde, au lieu de t’ajuster à toi-même.
Et ce conditionnement-là, il est insidieux. Il t’enferme dans une illusion de progrès. Tu crois que tu vas mieux… mais tu as juste appris à masquer les symptômes. Tu as appris à enfouir. À rationaliser. À minimiser. Tu as étouffé tes propres signaux d’alarme, et tu vis aujourd’hui dans une version anesthésiée de toi-même. C’est plus confortable, oui. Mais ce n’est pas vivant. Et au fond, tu le sens. Même si tu ne mets pas de mots dessus. Même si tu n’en parles pas. Même si tu fais tout pour l’ignorer.
Tant que tu n’as pas regardé ce qui t’a blessé, tu ne peux pas vraiment guérir
Guérir, ce n’est pas mettre de la lumière là où tout est déjà clair. C’est aller là où tu n’as jamais voulu poser les yeux. C’est revenir aux endroits intérieurs où tu t’es abandonné. C’est toucher les nœuds que tu as appris à contourner. Guérir, ce n’est pas effacer ce qui s’est passé. C’est le traverser. Le revisiter avec un autre regard. Un regard qui ne juge plus, mais qui accueille. Un regard qui ne nie plus la douleur, mais qui l’accompagne avec douceur et vérité.
Et ce n’est pas un chemin facile. C’est inconfortable, parfois violent intérieurement. Parce que tu vas te confronter à ce que tu as fui pendant des années. À ce que tu as refoulé pour pouvoir avancer. Mais c’est précisément là que se trouve la vraie libération. Tant que tu ne revisites pas ce qui t’a blessé, tu continues de le porter. Tu crois l’avoir dépassé, mais c’est en toi que ça continue d’agir, sous d’autres formes, dans d’autres contextes. Ce que tu refuses de voir finit toujours par s’exprimer, autrement.
La guérison ne se mesure pas à ce que tu montres. Elle se ressent dans ce que tu ne caches plus
Tu peux raconter que tout va bien. Tu peux sourire, t’occuper, être productif. Tu peux même inspirer les autres avec ton parcours. Mais ce n’est pas ça qui prouve ta guérison. La vraie guérison, elle ne se montre pas. Elle se vit. Elle se ressent dans ton rapport à toi-même. Dans ta capacité à être en paix, même sans distraction. Dans ta faculté à ne plus fuir tes émotions. Dans le fait de ne plus chercher constamment à t’occuper pour éviter de penser.
C’est là que tu sais que tu commences à guérir : quand tu n’as plus besoin de fuir ton propre silence. Quand tu n’as plus peur de te retrouver face à toi-même. Quand tu n’es plus envahi par un vide que tu essaies de remplir. La paix intérieure ne se crie pas. Elle ne se prouve pas. Elle s’installe lentement, comme un souffle nouveau, comme un apaisement que tu n’attendais plus. Et ce n’est que là que tu peux dire : oui, je commence à guérir… pour de vrai.
Tu ne veux pas juste survivre. Tu veux te sentir vivant
Tu peux passer des années à croire que tu vas bien, simplement parce que tu tiens debout. Parce que tu fais ce qu’il faut. Parce que tu n’as plus le temps ou l’énergie pour creuser plus loin. Mais ce n’est pas ça, vivre. Ce n’est pas ça, exister pleinement. Survivre, c’est fonctionner sans ressentir. C’est avancer sans s’écouter. C’est exister sans s’habiter. Et trop de gens appellent ça une vie.
Mais toi, tu sais. Tu sens que quelque chose manque. Ce n’est pas une personne, ce n’est pas une réussite, ce n’est pas un objectif. C’est une connexion plus profonde avec toi-même. C’est ce sentiment d’être à ta place, entier, vivant, en paix avec ton histoire. Et ça, tu ne le trouveras pas dans ce que tu fais. Tu le trouveras dans ce que tu oses ressentir. Dans ce que tu accueilles enfin. Dans ce que tu réintègres en toi au lieu de le fuir encore.
Ce que tu appelles guérison est peut-être juste une fuite bien déguisée
Et si on arrêtait de glorifier la façade du bien-être ? Et si on osait dire que derrière beaucoup de « je vais bien », il y a encore des blessures qui saignent en silence ? Et si on reconnaissait que faire comme si tout allait bien est parfois une stratégie de survie… mais pas une transformation intérieure ?
Alors si tu ressens au fond de toi que c’est le moment d’arrêter de fuir, d’arrêter de faire semblant, d’arrêter de te contenir, alors sache que c’est un pas immense. Et ce pas-là, tu n’as pas besoin de le faire seul. Ces 52 exercices pour te reconnecter à toi-même peuvent t’y aider, en t’aidant à réouvrir doucement ce que tu avais fermé, à retrouver cette part de toi que tu avais mise de côté, et à entamer une vraie guérison. Une guérison authentique, profonde, intérieure, qui ne se voit peut-être pas tout de suite… mais qui change tout.
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