T’es pas trop sensible : t’étais juste pas respecté(e)

Ça fait combien de temps qu’on t’a collé cette étiquette ? « T’es trop sensible. » « Tu prends tout personnellement. » « Tu réagis pour rien. »

Et petit à petit, t’as fini par y croire. Par penser que c’était toi, le problème. Que t’étais trop fragile, trop intense, trop émotif(ve).

Mais laisse-moi te dire un truc, clairement : t’es pas trop sensible. T’étais juste pas respecté(e).

On t’a appris à douter de ton ressenti, pas à l’écouter. On t’a appris à t’adapter aux autres, pas à poser tes limites. On t’a dit d’être fort(e), alors que t’avais besoin d’être entendu(e). Et tout ça, ça ne t’a pas rendu plus fort(e). Ça t’a juste éloigné(e) de toi-même. Et quand tu passes ta vie à faire taire ton monde intérieur, tu finis par devenir étranger(ère) à toi-même.

1. Ce qu’on appelle « trop sensible », c’est souvent quelqu’un qui ressent quand c’est trop.

Quand t’es sensible, tu captes tout. Les non-dits. Les tensions. Les micro-agressions. Les changements de ton. Les regards. Les incohérences entre ce que les gens disent et ce qu’ils font.

Tu captes tout, et tu ressens tout. Profondément. Et dans un monde qui valorise la distance, le détachement, le self-control… ça dérange.

Alors on te colle l’étiquette « trop ». Trop émotif(ve). Trop réactif(ve). Trop intense. Trop fragile. Trop instable. Trop compliqué(e). Mais la vérité, c’est que ta sensibilité est un radar. Et que les autres n’aiment pas qu’on remarque leur merde.

Tu fais partie de ceux qui voient ce que les autres préfèrent ignorer. Qui ressentent ce que les autres enfouissent. Et forcément, ça dérange. Parce que ta présence renvoie les autres à leur propre incohérence. Alors ils préfèrent te faire taire plutôt que de se remettre en question.

Mais ce n’est pas une raison pour t’effacer. C’est une raison de t’affirmer encore plus. Parce que ta capacité à ressentir, c’est pas un problème. C’est une puissance. Et dans un monde qui devient de plus en plus insensible, les gens sensibles sont des repères. Des signaux. Des voix qu’on ne peut plus continuer à faire taire.

2. Ton ressenti n’était pas exagéré. Il était ignoré.

Combien de fois t’as exprimé un malaise, et on t’a répondu : « C’est dans ta tête. » « Tu fais une montagne de rien. » « Tu devrais pas réagir comme ça. » « T’es trop à fleur de peau. »

Alors tu t’es tu(e). Tu t’es forcé(e) à encaisser. Tu t’es mordu(e) la langue. Tu t’es rendu(e) invisible.

Mais ce que tu ressentais était là. Légitime. Précis. Juste. C’est pas ton ressenti qui était trop fort. C’est l’écoute en face qui était trop faible.

Et plus tu t’es tu(e), plus tu t’es éloigné(e) de toi. Jusqu’à te croire « trop ». Jusqu’à oublier que ressentir, c’est une force. Pas une tare.

On ne devient pas hypersensible par faiblesse. On le devient souvent parce qu’on a grandi dans un environnement où nos émotions n’étaient ni vues, ni accueillies, ni respectées. Alors on a développé un système d’alerte ultra affûté, pour détecter le danger. Et aujourd’hui, on te reproche cette capacité qui t’a, en réalité, sauvé la peau.

Mais la vérité, c’est que ta sensibilité n’a jamais été le problème. Le vrai problème, c’est que t’as évolué dans un monde qui a peur des émotions. Qui les étouffe. Qui les juge. Et qui les écrase chez les autres parce qu’il est incapable de les gérer chez lui.

3. Le respect, c’est pas qu’une question d’agressivité. C’est une question de considération.

On croit souvent que le manque de respect, c’est quand quelqu’un te crie dessus, te rabaisse ou te trahit. Mais le vrai manque de respect, il est souvent plus subtil.

C’est quand on minimise ce que tu ressens. Quand on t’interrompt tout le temps. Quand on t’oblige à être disponible, mais qu’on ne l’est jamais pour toi. Quand on t’appelle « fragile » parce que tu réagis à ce que les autres ignorent. Quand on exige que tu comprennes les autres, mais qu’on ne fait jamais l’effort de te comprendre, toi.

Ce manque de respect discret est le plus destructeur. Parce qu’il sépare ton intuition de ta valeur. Et t’apprend à douter de toi.

Et quand on doute de soi, on finit par s’adapter à tout… même à ce qui nous fait mal. Par peur de déranger. Par peur de décevoir. Par peur d’être seul(e).

Mais tu ne peux pas vivre en niant ce que tu ressens. T’as essayé, non ? Et regarde dans quel état ça t’a mis. Et plus tu t’éteins, plus tu laisses les autres décider à ta place. Du bon, du mal, de ce que tu ressens, de ce que tu vaux. Tu vois le piège ?

4. Tu n’as pas à devenir moins sensible. Tu dois juste apprendre à te protéger.

Le but, ce n’est pas de t’anesthésier. C’est pas de devenir froid(e), distant(e), indifférent(e). C’est de poser des limites. D’affirmer ce qui est ok et ce qui ne l’est pas.

C’est de dire : « Quand tu me parles comme ça, je me sens rabaissé(e), et je ne l’accepte pas. » C’est de dire : « J’ai besoin d’un espace sécurisant pour m’exprimer, pas d’être jugé(e). » C’est de dire non, même si t’as peur. De partir, même si t’as encore des sentiments. De te choisir, même si t’as jamais appris à le faire.

Et si la personne en face n’entend pas ça ? Alors elle ne mérite pas ton espace émotionnel. Parce que ton monde intérieur est précieux. Et si quelqu’un entre sans se déchausser, il n’a rien à faire dedans.

Apprendre à te protéger, ce n’est pas construire un mur. C’est planter une clôture claire. Et poser une pancarte qui dit : « Ici, on respecte. Ici, on écoute. Ici, on ne piétine pas ce qui est vrai. »

5. Tu n’es pas fragile. Tu es vivant(e).

Ressentir fort, c’est pas être faible. C’est être connecté(e). À toi. Aux autres. À ce qui vibre, à ce qui sonne faux, à ce qui fait du bien ou du mal.

Ta sensibilité, ce n’est pas un bug. C’est un signal. Un langage. Une façon unique d’entrer en contact avec le monde. Et si certains ne le comprennent pas, c’est leur limite, pas la tienne.

Aujourd’hui, tu peux choisir un nouveau chemin. Celui où tu ne t’excuses plus pour ce que tu ressens. Celui où tu ne baisses plus la tête quand quelqu’un te juge « trop ». Celui où tu fais de ta sensibilité une boussole, pas un boulet.

Parce que t’es pas trop. T’es juste resté(e) trop longtemps dans des environnements qui n’étaient pas faits pour ton cœur. Et tu n’es plus obligé(e) de t’y conformer. Tu peux créer ton propre espace. Un espace où ressentir fort n’est plus un danger, mais une lumière.

Et si t’as envie de reconnecter avec toi, doucement mais en profondeur… Jette un œil à ces 52 exercices pour te reconnecter à toi-même. Parce que tu ne seras jamais « trop », tant que tu choisis d’être entièrement toi.

Ta sensibilité n’est pas un défaut. C’est ton superpouvoir. Encore faut-il que tu oses l’utiliser. Et que tu le protèges comme on protège ce qui est rare, précieux, et profondément vivant.

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Par Gabriel Tellier

Gabriel Tellier bouscule les certitudes et pousse à l’action. Avec un regard lucide et des conseils concrets, il aide à mieux comprendre ses blocages, à se remettre en question et à avancer vers une vie plus épanouissante.