Ce que TikTok détruit chez un enfant (et que tu ne vois pas venir)

Ils défilent à toute vitesse, rient, dansent, se comparent… Les enfants d’aujourd’hui n’apprennent plus à vivre, ils apprennent à performer. Et TikTok est devenu leur nouvelle salle de classe. Pas une classe bienveillante, patiente, structurante. Non. Une classe cruelle, qui récompense l’excès, la mise en scène, le buzz. Une école de l’image et du paraître.

Mais ce qu’on ne dit pas assez, c’est ce que ça détruit en silence. Ce que ça vole. Ce que ça fracture à l’intérieur, doucement mais profondément. Ce que ça fait à un enfant de 10 ans qui, au lieu d’explorer le monde, explore des tendances pensées pour l’accrocher… pas pour le construire.

Je t’écris cet article parce que le sujet me dérange profondément. Parce que trop de parents sous-estiment ce que TikTok transforme dans la tête et dans le cœur des plus jeunes. Parce qu’on a normalisé l’idée qu’un enfant de 9 ou 10 ans soit déjà accro aux écrans, aux likes, à l’apparence, aux filtres… alors que son cerveau est encore en pleine construction. Ce n’est pas un jugement. C’est un cri d’alerte. Un appel à la vigilance, à la conscience. Un rappel qu’un enfant, avant d’être un utilisateur de contenu, est un être en devenir. Fragile, malléable, influençable. Et ce qu’on plante aujourd’hui dans son esprit, il en récoltera les fruits, ou les dégâts, toute sa vie.

Voici ce que TikTok détruit chez un enfant. Et ce n’est pas une exagération. C’est une réalité qu’on préfère ne pas voir. Parce qu’elle fait mal. Parce qu’elle nous confronte à nos propres absences. Mais il est temps de la regarder en face.

1. L’attention et la capacité à se concentrer

TikTok, c’est la récompense immédiate en boucle. Une avalanche de vidéos de 10 à 30 secondes, pensées pour capter l’attention… pas pour nourrir l’esprit. Résultat ? L’enfant n’apprend plus à attendre, à s’ennuyer (ce qui est pourtant essentiel au développement), à réfléchir ou à créer quelque chose de plus long.

Son cerveau devient dépendant à la stimulation rapide. Il ne supporte plus le silence. Il décroche dès que c’est lent. Il ne tolère plus les histoires longues, les jeux calmes, les échanges profonds. Et plus ça dure, plus sa concentration s’effrite. Comme un muscle qu’on n’entraîne plus. Et à l’école, ça se voit. Il peine à suivre, il s’agite, il zappe d’une idée à l’autre. Non pas parce qu’il est « dissipé », mais parce que son cerveau est devenu allergique à la lenteur.

2. L’image qu’il a de lui-même

Sur TikTok, l’enfant ne se construit pas. Il se compare. Il s’ajuste. Il cherche à plaire, à buzzer, à reproduire. Il ne se demande pas : « Qui je suis ? » mais « Comment je vais être vu ? »

Et ça, c’est violent. Parce qu’à force de se mettre en scène, il finit par croire qu’il ne vaut que ce que les autres valident. Il mesure sa valeur en cœurs rouges. Il fait de son image sa seule boussole. Il devient une version éditée de lui-même. Une vitrine. Une performance. Et quand l’algorithme l’ignore, il se sent ignoré, lui aussi.

Il n’apprend pas à s’aimer. Il apprend à se conformer. À plaire. À se travestir pour exister. Et c’est comme ça que naissent les complexes, les doutes, les insécurités profondes. Celles qu’on traîne ensuite toute sa vie, parce qu’on a cru, très tôt, qu’on n’était jamais assez.

3. Sa sécurité émotionnelle

Les enfants qui traînent sur TikTok sont confrontés à tout : contenus violents, sexualisés, anxiogènes… Parfois sans filtre. Sans médiation. Et ce qui est le plus choquant, c’est qu’ils s’y habituent.

Ils s’habituent à la vulgarité. À la compétition. À la haine gratuite. À l’humour cynique. Et sans même qu’on s’en rende compte, leur regard sur le monde change. Leur sensibilité s’émousse. Leur innocence se fissure.

Un enfant, c’est censé grandir dans la sécurité, pas dans un déluge d’images toxiques. Mais TikTok ne fait pas la différence entre ce qui est adapté ou non. Lui, il pousse ce qui capte. Ce qui choque. Ce qui fait réagir. Même si ça blesse, même si ça tord l’image que l’enfant a de lui-même et du monde.

Et le pire ? C’est que ces images s’impriment. Dans leur mémoire, dans leurs rêves, dans leur rapport au corps, au sexe, à l’autre. Et ils grandissent avec ça, sans même savoir que ça les marque.

4. Leur lien au réel

TikTok donne l’illusion d’être connecté. Mais en réalité, il isole. L’enfant ne parle plus. Il scroll. Il ne vit plus de vrais moments. Il les filme. Il ne ressent plus ses émotions. Il attend la prochaine vidéo. Il n’est plus dans l’instant. Il est dans l’attente. Du prochain contenu, du prochain like, du prochain buzz.

Petit à petit, la vraie vie devient fade. Les discussions sans écran l’ennuient. Les interactions humaines le stressent. Il devient mal à l’aise sans téléphone, perdu sans stimuli. Et quand il ne scroll pas, il s’ennuie, il tourne en rond, il angoisse.

Le réel devient inconfortable. Parce qu’il demande de la présence, de l’écoute, de la lenteur. Et ça, TikTok l’a effacé de son quotidien.

5. Son développement identitaire

L’enfance, c’est le moment où on teste, on explore, on découvre qui on est. Mais TikTok fausse ce processus. Parce qu’il montre une seule voie : celle qui plaît. Celle qui fait rire. Celle qui attire. Il ne laisse pas de place à la lenteur, à la maladresse, à la nuance.

Un enfant a besoin d’espace pour exister. Pas d’un miroir déformant où chaque geste est jugé, compté, commenté. Il a besoin de relations vraies, de retours sincères, de silences aussi. Pas d’un flux constant d’images calibrées.

À force de vouloir être comme les autres, il finit par ne plus savoir qui il est. Il devient une copie. Un reflet. Et ça, c’est le contraire d’une construction saine. C’est une déconstruction en douce. Une perte de soi.

Reprendre le contrôle avant qu’il ne soit trop tard

Tu n’as pas besoin d’être parfait. Tu n’as pas besoin d’interdire TikTok du jour au lendemain. Mais tu as une responsabilité. Celle de protéger le monde intérieur de ton enfant.

Parle-lui. Intéresse-toi. Propose autre chose. Des moments, des jeux, des lectures, du temps dehors. Rappelle-lui que sa valeur ne dépend pas d’un algorithme. Qu’il est bien plus que ce qu’il montre. Qu’il a le droit d’être lent, maladroit, discret. Qu’il a le droit d’exister sans se mettre en scène.

Et surtout, sois présent. Parce qu’un enfant qui scrolle en boucle est souvent un enfant qui cherche. Qui fuit. Qui comble un vide. Et il a besoin de toi. De ta présence réelle. De ton amour non filtré. De ta guidance, même imparfaite. Il a besoin d’un adulte qui tient debout pour lui rappeler qu’il a le droit d’être un enfant. Juste un enfant.

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Par Gabriel Tellier

Gabriel Tellier bouscule les certitudes et pousse à l’action. Avec un regard lucide et des conseils concrets, il aide à mieux comprendre ses blocages, à se remettre en question et à avancer vers une vie plus épanouissante.