Se faire ghoster juste avant Noël : pourquoi c’est toujours à ce moment-là

Il y a des silences qui font plus mal qu’une phrase blessante. Une conversation qui s’arrête sans explication, un “vu” qui ne se transforme jamais en réponse, un téléphone qui reste obstinément muet alors que tu sais très bien que l’autre l’a toujours dans les mains. Se faire ghoster, c’est déjà douloureux. Mais se faire ghoster juste avant Noël, c’est une autre catégorie de coup dans le cœur. Parce que ce n’est pas seulement une personne qui disparaît. C’est une présence que tu espérais pour traverser une période où tout le monde semble entouré, aimé, choisi. Et toi, tu te retrouves à regarder un écran vide, avec un nœud dans la gorge que personne ne voit.

Tu te refais le film dans ta tête. Les derniers échanges, les rires, les petites phrases qui faisaient du bien. Rien ne laissait présager ce retrait brutal. Tu te dis que tu exagères, que la personne est peut-être fatiguée, occupée, débordée par les préparatifs, les obligations familiales, le travail qui s’accumule. Tu te rassures une fois, deux fois, trois fois. Puis les heures passent, les jours passent, et là tu comprends qu’il ne s’agit plus d’un retard, mais d’une absence installée. Tu ne te fais pas d’illusion : cette personne a choisi de ne plus répondre. Et le pire, c’est que tu ne sais même pas pourquoi.

Décembre, ce miroir que tout le monde n’assume pas

Il faut être honnête : décembre met les gens devant eux-mêmes. Qu’on le veuille ou non, la fin de l’année force à faire des bilans. On regarde les choix qu’on a faits, les gens qu’on a gardés, ceux qu’on a blessés, ceux qu’on n’a pas su aimer comme il fallait. Pour quelqu’un qui est déjà ambivalent avec toi, cette période devient inconfortable. Il se demande : est-ce que je veux vraiment passer du temps avec cette personne? Est-ce que je suis capable d’assumer la direction que ça prend? Est-ce que j’ai envie de l’inclure dans mon univers de Noël, là où se mélangent famille, traditions, vulnérabilité? Et si la réponse intérieure est “non” ou “je ne sais pas”, beaucoup préfèrent fuir plutôt que de clarifier.

Disparaître devient plus simple que dire la vérité. Parce que la vérité, elle sonne dur à voix haute. Elle oblige à admettre qu’on a profité de la présence de l’autre sans être prêt à lui donner ce qu’il espérait. Elle oblige à prendre sa part de responsabilité. Alors certains choisissent le ghosting, surtout à ce moment-là, parce qu’ils peuvent se cacher derrière le fameux “j’avais la tête ailleurs”. Sauf qu’entre toi et moi, personne n’a la tête “tellement ailleurs” qu’il est incapable d’envoyer un seul message en plusieurs jours. On trouve toujours le temps pour ce qu’on veut vraiment.

Et c’est là que ça devient cruel pour toi. Parce que pendant que l’autre fuit ses propres contradictions, c’est toi qui te tapes toutes les questions, les insomnies, les remises en question. C’est toi qui te demandes si tu as dit la mauvaise phrase, envoyé le mauvais message, montré trop d’attachement, pas assez de détachement. Tu t’observes comme si tu étais le problème. Alors que le vrai problème, il est là : certaines personnes ne supportent pas la pression émotionnelle de décembre et préfèrent disparaître plutôt que de se regarder en face.

Noël, ce test caché de la maturité affective

Ce qu’on ne dit pas assez, c’est que les Fêtes testent la capacité d’une personne à assumer ses liens. Quand quelqu’un tient vraiment à toi, il va au moins trouver une façon de te le montrer, même simplement. Un petit “je pense à toi”, un “je vais être occupé mais je ne t’oublie pas”, quelque chose qui t’inclut un minimum dans cette période spéciale. Quand au contraire, quelqu’un sent confusément qu’il ne veut pas te donner cette place, que c’est “trop”, que ça l’engage symboliquement à quelque chose qu’il n’est pas prêt à vivre, il va se mettre à ralentir, à prendre de la distance, à te répondre plus froidement. Et parfois, il finit par couper complètement.

Se faire ghoster juste avant Noël, ce n’est donc pas un hasard. Cette date vient seulement révéler une vérité qui était déjà là : la personne n’était pas prête à te traiter comme quelqu’un d’important. Elle te gardait dans une zone floue, confortable pour elle, douloureuse pour toi. Et au moment où tu commençais peut-être à espérer un peu plus, à imaginer un message spécial, une soirée ensemble, une petite place dans ses plans, elle s’est rendu compte qu’elle n’avait rien à t’offrir de cohérent. Alors elle a choisi la lâcheté douce : le silence.

Ça n’enlève rien à la douleur, mais ça remet les choses à leur place. Tu n’as pas été “trop”. Tu n’as pas brusqué les choses. Tu n’as pas mal joué. Tu as juste été sincère avec ce que tu ressentais. L’autre, lui, ne l’a pas été avec ce qu’il n’était pas capable de donner.

Quand la fuite de l’autre réveille toutes tes anciennes blessures

Le problème avec le ghosting, c’est que ce n’est jamais seulement ce qui vient d’arriver qui fait mal. C’est tout ce que ça réveille derrière. Les moments où on ne t’a pas choisi. Les fois où tu t’es senti de trop. Les silences qui t’ont blessé dans ton enfance. Les relations où tu as donné ton cœur à quelqu’un qui ne savait pas quoi en faire. Se faire ghoster juste avant Noël, ça appuie exactement sur ce bouton-là : “tu ne vaux pas assez pour qu’on te donne une explication”.

Alors ton cerveau part en vrille. Tu te compares. Tu te juges. Tu te repasses la scène cent fois. Tu te dis que si tu avais été plus détaché(e), plus cool, moins attachant(e), peut-être que l’autre serait resté. Mais ce n’est pas vrai. On ne perd pas quelqu’un parce qu’on a été sincère. On perd quelqu’un parce qu’il n’était pas capable d’honorer ce qu’on lui offrait. La maturité affective ne se mesure pas dans les belles phrases, mais dans la capacité à rester présent quand ça devient délicat. Et quelqu’un qui te ghoste à ce moment précis t’annonce clairement qu’il n’a pas cette capacité.

Et là, tu as un choix. Pas facile, mais important. Tu peux soit passer des semaines à chercher des raisons qui vont toujours te faire plus mal, soit reconnaître que le problème ne vient pas de toi. Tu peux soit t’accrocher au fantasme d’une personne qui reviendra “peut-être” avec une explication magique, soit accepter que ce qu’elle a déjà montré suffit à savoir comment elle gère le lien : elle fuit quand ça devient sérieux.

Ce que ce ghosting dit vraiment de toi (et ce qu’il ne dit pas)

Ce ghosting ne dit pas que tu es insuffisant(e). Il ne dit pas que tu es insupportable, trop intense ou impossible à aimer. Il dit surtout que tu as encore tendance à miser sur des personnes qui n’ont pas fait le travail nécessaire sur elles-mêmes. Des personnes qui sont attirées par ce que tu dégages, mais qui paniquent dès que tu deviens réel(le), dès que tu commences à exister comme un être humain avec des besoins, des émotions, des attentes minimales. Ce que tu peux apprendre de cette expérience, ce n’est pas comment être moins toi, mais comment mieux filtrer ceux à qui tu laisses l’accès à ton cœur.

Et si cette histoire t’a laissé complètement vidé(e), ce n’est pas parce que tu es faible. C’est parce que tu t’es investi(e) émotionnellement dans quelque chose qui signifiait beaucoup plus pour toi que pour l’autre. Tu as pris le lien au sérieux. Tu l’as vécu pour de vrai. Et même si ça fait mal aujourd’hui, c’est quand même une belle preuve de ta capacité à aimer pleinement. Le plus grand défi, ce n’est pas d’arrêter d’aimer. C’est d’apprendre à ne plus offrir cette qualité d’amour à ceux qui ne savent pas quoi en faire.

Alors oui, se faire ghoster juste avant Noël, ça fait mal au point qu’on doute de tout. Mais à long terme, ça peut aussi devenir un point de bascule. Le moment où tu dis : “Plus jamais ça. Plus jamais quelqu’un qui disparaît quand j’ai besoin de clarté. Plus jamais quelqu’un qui me laisse porter seul(e) le poids de ses incohérences.” Tu ne contrôles pas les comportements des autres, mais tu peux décider de ne plus normaliser ce manque de respect.

Si tu te reconnais là-dedans, si tu sens que ton cœur s’est un peu fracassé dans le silence et que tu ne sais plus très bien comment remettre tes morceaux en place, je te suggererais vraiment de t’offrir un espace rien qu’à toi pour te retrouver. Il existe un ensemble d’exercices imaginés par Francis Machabée qui aide justement à traverser ce genre de tempête intérieure. Ce n’est pas un grand discours ni une promesse magique, mais une démarche toute simple, structurée, pour t’aider à revenir à toi, à calmer ce qui fait trop de bruit dedans et à rebâtir doucement ta solidité. Si tu sens que tu t’es trop défini(e) à travers les messages des autres, c’est peut-être le moment de commencer à écouter les tiens.

À lire : Tu ne t’es pas fait ghoster. Tu t’es fait manipuler.

Par Gabriel Tellier

Gabriel Tellier bouscule les certitudes et pousse à l’action. Avec un regard lucide et des conseils concrets, il aide à mieux comprendre ses blocages, à se remettre en question et à avancer vers une vie plus épanouissante.