T’as déjà eu ce moment où tu lis un commentaire sur les réseaux, et tu sens monter un mélange de colère, d’incompréhension et de tristesse ? Ce genre de post qui te fait te demander dans quelle époque on vit encore.
Une femme allaite son bébé dans un restaurant. Calmement. Sans bruit. Sans geste déplacé. Et là, ça dérape. Les regards outrés. Les murmures. Les commentaires Facebook pleins de jugement.
“Elle aurait pu aller aux toilettes.”
“Un peu de décence, y’a des enfants.”
“C’est intime, faut pas imposer ça aux autres.”
Non mais… vous êtes sérieux ?
L’allaitement en public, c’est pas un débat. C’est un besoin.
On dirait que certains ont oublié ce que c’est, un besoin vital. Manger. Se nourrir. Se sentir en sécurité. Et chez un bébé, ça ne passe pas par un Uber Eats. Ça passe par sa mère. Par son corps. Par un geste simple, instinctif, ancestral.
Et tu veux qu’elle aille dans les toilettes ? Tu veux qu’elle couvre son enfant d’un linge épais pour pas froisser ta sensibilité ? Tu veux qu’elle attende que t’aies fini ton dessert pour nourrir son nouveau-né ? Sérieusement ?
Il n’y a rien de choquant dans l’allaitement. Ce qui est choquant, c’est qu’on ose encore le juger.
Le vrai malaise, c’est pas elle. C’est toi.
C’est toi, ton regard, ton conditionnement.
Parce qu’on t’a appris que le sein était un objet sexuel. Un outil de désir. Un truc qu’on montre dans une pub de bière, mais pas dans un restaurant familial.
Mais la réalité, c’est que ce sein, à ce moment précis, n’est pas là pour séduire. Il est là pour nourrir.
Il ne s’adresse pas à toi. Il ne cherche pas ton approbation. Il n’est pas là pour flatter ton œil ou ton ego. Il est là pour répondre à un besoin. À un appel naturel. Celui d’un petit humain qui ne peut pas attendre.
Et si tu ressens un malaise, c’est peut-être qu’il est temps de te poser une vraie question :
Pourquoi ça te dérange autant de voir la vie en action ?
“Elle aurait pu se couvrir…” : la fausse excuse
On l’entend souvent, celle-là. Le fameux “elle aurait pu mettre un linge”. Comme si la solution, c’était de cacher ce qui dérange. D’étouffer l’acte pour préserver le confort des autres.
Mais tu sais quoi ? Un bébé, ça ne tète pas sous une tente. Il a besoin de voir sa mère. De la sentir. De se sentir en sécurité. Et souvent, quand on essaie de “couvrir”, il s’agite. Il pleure. Il repousse le tissu. Parce que ce n’est pas naturel.
Imagine que tu sois en train de manger ton plat préféré. Bien assis. Tranquille. Et là, on te fout une couverture sur la tête. Tu ferais quoi ? Tu continuerais à manger peinard ? Ou tu te sentirais agressé, frustré, déconnecté ?
C’est pareil pour lui.
C’est pas au bébé de s’adapter à ton inconfort. C’est à toi de comprendre que ce moment ne t’appartient pas.
Le restaurant, la plage, le bus : l’espace public, c’est aussi pour elles
On voudrait que les femmes allaitent, oui, mais discrètement. Chez elles. En silence. Dans des recoins invisibles de la société. On veut qu’elles répondent aux attentes, mais qu’elles restent invisibles.
Mais non.
Elles ont le droit d’exister. D’être présentes. De nourrir leur enfant où bon leur semble.
Le restaurant est aussi un lieu de vie pour elles. Le parc. Le centre d’achat. Le monde entier, en fait.
Et ça, ça demande une vraie mise à jour de notre vision du “vivre ensemble”. Parce que vivre ensemble, ce n’est pas vivre à condition que personne ne dépasse du cadre.
C’est accepter la réalité dans toute sa diversité. Sa beauté. Sa vérité.
Pour ceux qui pensent que ce sujet est exagéré, que « tout le monde est ouvert aujourd’hui », laisse-moi te partager quelque chose.
J’ai posé la question dans mon canal de diffusion : “Comment réagis-tu quand tu vois une femme allaiter en public ?”
Résultat ?
➔ Je trouve ça totalement normal : 82
➔ Ça dépend de la façon dont c’est fait : 17
➔ Je suis un peu mal à l’aise, mais je respecte : 12
➔ Je ne remarque même pas / Je m’en fous : 7
➔ Ça me dérange, elle devrait être plus discrète : 3
Et là tu pourrais te dire : “OK, les mentalités ont évolué.”
Mais attends. Ce sondage a été réalisé auprès de ma communauté dans mon canal de diffusion sur Messenger, des gens qui me suivent, qui sont exposés à ma façon de penser. Des personnes plus ouvertes, plus sensibilisées à ces sujets.
Maintenant, pose la même question à des inconnus dans la rue. Regarde les réactions sous des vidéos d’allaitement sur les réseaux. Demande à une mère ce qu’elle ressent quand elle allaite en public.
Tu verras que ce 1%, il est souvent beaucoup plus grand. Juste moins avoué.
Parce que dans la vraie vie, le malaise, il est là. Dans les regards. Dans les jugements non-dits. Dans les silences lourds.
Et c’est exactement pour ça qu’on a encore besoin d’en parler.
L’injonction paradoxale : sois une bonne mère, mais cache-toi
C’est ça le fond du problème.
On attend des mères qu’elles soient parfaites. Qu’elles allaitent, qu’elles soient disponibles, connectées, présentes. Et dès qu’elles le sont, on leur dit : “Pas comme ça. Pas ici. Pas devant moi.”
Tu veux quoi, en fait ? Qu’elles nourrissent leurs enfants, ou qu’elles disparaissent ?
Qu’elles soient naturelles, mais invisibles ?
Qu’elles soient mères, mais pas trop ?
Ce double discours permanent, il épuise. Il culpabilise. Il détruit.
Parce qu’à force de leur dire qu’elles sont “trop”, trop visibles, trop naturelles, trop présentes, on leur apprend qu’elles ne seront jamais assez bien pour ce monde.
Et ça, c’est pas une société bienveillante. C’est une société qui étouffe.
Allaiter, c’est un acte d’amour. Pas un scandale.
Reprenons un peu de hauteur.
L’allaitement, ce n’est pas une démonstration. Ce n’est pas un militantisme. C’est un geste d’amour pur. C’est une mère qui répond au besoin le plus simple, le plus vital, le plus pur : nourrir, apaiser, sécuriser.
Et ce geste-là, il devrait être accueilli avec respect. Avec tendresse. Avec reconnaissance.
Pas avec des regards de travers. Pas avec des remarques passives-agressives. Pas avec du jugement planqué derrière la “décence”.
Parce que dans ce moment, il y a tout ce qu’on a oublié dans nos sociétés modernes : la lenteur, le contact, la chaleur humaine.
Et c’est peut-être ça, au fond, qui dérange le plus. Pas le sein. Pas le geste.
Mais ce qu’il reflète. Ce qu’il nous renvoie de notre propre déconnexion au vivant.
Le vrai changement commence par toi
Alors pose-toi la question.
Pourquoi ça me dérange ?
Qu’est-ce que ça vient réveiller chez moi ?
Qu’est-ce que j’ai appris sur le corps, la pudeur, le regard des autres ?
Et si, au lieu de juger cette mère, tu t’en servais comme d’un miroir ?
Et si son acte, si simple, devenait le point de départ d’un truc plus grand en toi ? Une reconnexion. Une prise de conscience. Un retour à ce qui compte vraiment.
Parce qu’au fond, c’est ça le sujet.
Pas seulement l’allaitement. Pas seulement les seins.
Mais le rapport à la vie. À ton propre corps. À tes besoins refoulés.
Et si tu sens que ce texte t’a remué un peu, ou beaucoup, c’est peut-être que t’es prêt pour autre chose. Pour une reconquête intérieure. Pour un retour au vrai.
Et là-dessus, j’ai un truc à te partager. Découvre ces 52 exercices pour te reconnecter à toi-même. Pas de blabla, pas de morale. Juste des pratiques concrètes pour retrouver du lien avec toi. Avec ton corps. Ton instinct. Tes vrais besoins. Parce que c’est souvent là que ça bloque.
Et parce que parfois, comprendre une mère qui allaite en public… commence par te comprendre toi-même.
Une dernière chose
T’as le droit d’évoluer.
T’as le droit d’avoir été mal à l’aise hier, et de voir les choses autrement aujourd’hui.
T’as le droit de passer du jugement à l’acceptation.
T’as le droit d’apprendre, de te remettre en question, de grandir.
Mais une chose est sûre : les mères, elles, ne vont plus s’excuser d’exister.
Elles ne vont plus allaiter dans les coins sombres pour ne pas déranger.
Elles ne vont plus baisser les yeux.
Elles vont vivre. Aimer. Nourrir. Exister.
Et si ça te dérange, alors oui…
C’est peut-être pas elles, le problème.
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