La fatigue émotionnelle des enfants : ce que tu ne vois jamais

Ton enfant parle fort, rit aux éclats, saute sur le canapé comme s’il avait des piles Duracell dans le dos. Il a l’air d’aller bien. D’être plein de vie. D’être un enfant comme les autres. Et puis soudain, il fond en larmes pour un biscuit cassé. Il te hurle dessus parce que tu as oublié un détail minuscule. Il te repousse alors que tu veux l’aider. Il te teste, te fatigue, t’épuise.

Et là, tu te demandes : qu’est-ce qu’il a encore aujourd’hui ? Tu crois qu’il est capricieux. Tu crois qu’il te cherche. Tu crois que c’est une passe. Mais en réalité, il est peut-être tout simplement vidé. Émotionnellement vidé. Et personne ne l’a vu.

On ne parle presque jamais de la fatigue émotionnelle des enfants. On parle de leur énergie débordante, de leurs crises, de leur agitation, de leur manque de concentration. Mais ce qu’on oublie, c’est qu’ils vivent eux aussi une pression constante, qu’ils accumulent des émotions trop grandes pour eux, qu’ils encaissent des journées longues, chargées, exigeantes, sans toujours avoir les mots pour dire “j’en peux plus”.

Et comme ils ne savent pas l’exprimer, comme personne ne leur a appris à reconnaître ce qui se passe en eux, ça sort autrement. Par des comportements qu’on juge problématiques, alors qu’ils sont en réalité des signaux d’alerte. Des SOS silencieux.

Ton enfant n’a peut-être pas mal au ventre, pas de fièvre, pas de blessure visible. Il va à l’école, il mange, il dort. En apparence, tout roule. Mais à l’intérieur, c’est le chaos.

Parce qu’il se passe mille choses dans sa tête, dans son cœur, et qu’il ne sait pas quoi en faire. Parce qu’il absorbe l’ambiance, les tensions, les règles, les frustrations. Parce qu’il entend tout, ressent tout, capte tout. Et que son petit cerveau, encore en construction, n’a pas la capacité de trier, de gérer, de comprendre tout ça.

Alors il se met à réagir à côté. Il s’énerve, il tape, il crie. Ou alors, il se ferme, il se renferme, il se met à bouder pendant des heures. Il semble ingérable… ou absent. Et dans les deux cas, on lui colle une étiquette : turbulent, difficile, hypersensible, paresseux, désobéissant. Alors qu’en fait, il est juste débordé à l’intérieur, et personne ne lui tend la main pour vider ce trop-plein.

Ce trop-plein vient de partout. L’école est un environnement épuisant pour beaucoup d’enfants. Il faut rester assis, écouter, comprendre, se taire, respecter des consignes, gérer les interactions sociales, ne pas bouger trop fort, ne pas parler trop vite, ne pas pleurer trop longtemps.

Ensuite, il y a les devoirs, les horaires à suivre, les routines à respecter. Et parfois, il y a les écrans, les disputes entre frères et sœurs, la frustration de ne pas être compris, le manque d’attention, les transitions à répétition. Et dans tout ça, aucun espace prévu pour juste ressentir. Juste exister. Juste être.

C’est là que la fatigue s’installe. Pas une fatigue de jambes ou de muscles. Une fatigue d’âme. Un poids intérieur. Une tension constante. Un sentiment d’échec diffus. Une peur de mal faire. Un besoin de tout contenir sans savoir comment. Et ça s’accumule, jour après jour. Jusqu’au moment où ça pète. Ou jusqu’au moment où ça se fige.

Le plus dangereux, c’est quand ton enfant apprend à se taire. À faire semblant que tout va bien. À sourire alors qu’il suffoque. À dire “ça va” pour ne pas déranger. À jouer le rôle de l’enfant facile. Celui qui ne pose pas de problème. Celui qu’on oublie parce qu’il ne fait pas de bruit. Et à force, il oublie lui-même ce qu’il ressent. Il coupe l’accès. Il devient sage, silencieux… mais profondément seul. Et ça, c’est une douleur qui peut durer des années.

Alors non, ton enfant n’exagère pas. Il ne dramatise pas. Il ne te manipule pas. Il essaie juste, avec les moyens qu’il a, de te dire que ça déborde à l’intérieur. Et ce qu’il attend, ce n’est pas qu’on le corrige, qu’on le menace, qu’on le raisonne. Ce qu’il attend, c’est qu’on le voie. Vraiment. Qu’on le reconnaisse dans ce qu’il traverse.

Il a besoin d’un moment où il n’a rien à prouver. Rien à faire. Rien à gérer. Juste un moment d’être. Où il peut pleurer sans qu’on lui dise d’arrêter. Où il peut s’énerver sans qu’on le punisse. Où il peut parler sans qu’on le coupe. Où il peut se taire sans qu’on l’interroge. Ce genre de moment, ça ne s’improvise pas. Mais ça change tout.

Et si tu veux lui offrir ça, il faut que toi aussi tu aies un espace pour déposer ce que tu portes. Parce que toi aussi, tu fatigues. Tu gères. Tu t’inquiètes. Tu cours. Tu donnes tout. Mais tu ne peux pas rester centré(e) pour lui si tu te perds dans ton propre déséquilibre.

Et si t’es honnête, tu sais que parfois, tu t’oublies. Tu passes après tout. Tu continues par habitude, par devoir. Mais à l’intérieur, ça crie. Toi aussi, tu voudrais qu’on te demande comment tu vas. Toi aussi, tu voudrais juste qu’on t’écoute sans te dire quoi faire. Toi aussi, t’es fatigué(e). Et ça compte.

Si tu veux recommencer à prendre soin de toi, petit à petit

Tu ne vas pas tout changer demain. Mais tu peux commencer par quelque chose. Un petit pas, juste pour toi. Un moment dans la semaine pour te reconnecter, pour faire le point, pour retrouver un peu de clarté dans ce chaos. Si tu sens que ça te parle, je te recommande ce programme : 52 semaines pour reprendre le pouvoir sur ta vie

C’est une proposition simple, mais profonde. Imaginée par Francis Machabée, une personne que je trouve inspirante, parce qu’il ne promet pas la lune, il t’aide juste à revenir à l’essentiel. Pas à pas. Sans pression. Sans forcer. Et semaine après semaine, tu te retrouves un peu plus. Tu réapprends à être là pour toi. Et c’est souvent de là que tout repart.

Pour continuer ta lectureLa fatigue des ados forts : ce mal qu’on ne voit jamais venir Parce que parfois, ceux qui tiennent bon sans jamais flancher sont aussi ceux qui s’effondrent en silence. Et on ne le voit que trop tard.

Par Gabriel Tellier

Gabriel Tellier bouscule les certitudes et pousse à l’action. Avec un regard lucide et des conseils concrets, il aide à mieux comprendre ses blocages, à se remettre en question et à avancer vers une vie plus épanouissante.