Ton corps parle. Tout le temps. Mais souvent, tu n’entends rien, parce que ton mental parle plus fort. Il planifie, il analyse, il explique, il justifie. Il veut comprendre, tout contrôler, tout anticiper. Et à force de tout rationaliser, tu oublies que ton corps, lui, ne ment jamais. Il n’a pas de filtre. Il ne sait pas faire semblant. Quand il fatigue, c’est qu’il a trop porté. Quand il a mal, c’est qu’il a trop encaissé. Quand il se ferme, c’est qu’il ne se sent plus en sécurité. Il t’envoie des signaux, mais tu les ignores… jusqu’au jour où il crie pour se faire entendre.
Le plus souvent, ton corps est en train de te dire ce que ton cœur n’a jamais osé dire. Il te montre les émotions que ton mental a tenté de cacher. Il te rappelle ce que tu refuses d’écouter parce que “tu n’as pas le temps”, “ce n’est pas le moment”, ou “ce n’est pas si grave”. Mais lui, il s’en fiche du timing, du contexte ou des apparences. Il veut juste que tu t’arrêtes. Que tu l’entendes. Parce qu’à force de vivre coupé de toi, tu t’épuises à maintenir une image qui ne te ressemble plus.
Quand ton corps s’exprime à ta place
Tu te reconnais peut-être là-dedans : tension dans les épaules, nuque raide, sommeil léger, digestion compliquée, fatigue qui ne passe pas. Ce n’est pas juste “le stress”. C’est ton corps qui te dit : “Je porte trop.” Il porte ta charge mentale, ta peur de décevoir, ton besoin d’être utile, ton envie d’être parfaite. Il accumule ce que tu refuses de lâcher. Et il finit par te le renvoyer en symptômes. Tu crois être malade, mais tu es surtout saturée.
Les douleurs récurrentes ne sont pas que physiques. Elles sont des rappels émotionnels. Un dos crispé, c’est souvent une histoire de responsabilité : tu portes le monde sur tes épaules. Un ventre noué, c’est un instinct de survie : tu gardes en toi ce que tu n’as jamais osé dire. Une gorge serrée, c’est la vérité qu’on empêche de sortir. Ton corps n’est pas contre toi, il est ton allié le plus loyal. Il essaie juste de te ramener là où tu t’es perdue.
Quand ton mental te coupe de ton ressenti
Ton mental est brillant. Il a appris à te protéger, à tout expliquer, à donner du sens à ce qui t’a blessée. Mais il ne sait pas sentir. Il sait penser sur l’émotion, pas la traverser. Alors dès qu’une douleur se présente, il analyse : “C’est sûrement parce que je dors mal”, “Je dois être fatiguée”, “Ce n’est rien, ça va passer.” Et à force de nier ce que tu ressens, tu t’éloignes de la seule boussole fiable que tu aies : ton ressenti.
Ton mental veut avoir raison, mais ton corps veut te sauver.
Et entre les deux, c’est souvent ton âme qui se perd.
Tu continues d’avancer, mais à contresens de toi-même. Tu fonctionnes sur pilotage automatique, tu fais “ce qu’il faut”, tu tiens bon, mais à l’intérieur, quelque chose s’éteint doucement. Et tu sais ce qui est cruel ? C’est que même quand tu réussis, quand tu sembles tout avoir, tu ressens quand même ce vide. Parce que ton corps, lui, n’en a rien à faire de ton CV, de ton statut, ou de ton contrôle. Il veut juste que tu respires pour vrai.
Les signaux que ton corps t’envoie quand il en a assez
Il ne t’attaque pas, il te prévient.
Quand il te cloue au lit, c’est souvent parce que tu refusais de t’arrêter autrement. Quand tu tombes malade à chaque vacances, c’est parce que c’est le seul moment où tu lui donnes enfin le droit de se relâcher. Quand tu fais des crises d’angoisse, c’est parce que tu n’as jamais pris le temps de pleurer pour de vrai. Ton corps fait ce que ton cœur n’a pas réussi à exprimer.
Il se peut que tu aies grandi dans un environnement où “tenir” valait mieux que “sentir”. Alors tu as appris à minimiser, à serrer les dents, à sourire malgré tout. Mais tout ce qui n’est pas exprimé finit par s’imprimer. Une émotion non vécue devient une tension. Une tension ignorée devient une douleur. Et une douleur qu’on refoule finit toujours par chercher une autre sortie.
Ton corps, c’est la mémoire de tout ce que ton mental a voulu oublier.
Et plus tu veux aller vite, plus il te ramène à toi.
C’est sa manière à lui de te dire : “Je suis là, occupe-toi de moi, parce que si tu continues comme ça, je n’aurai plus d’autre moyen que de t’arrêter.”
Apprendre à écouter autrement
Écouter ton corps, ce n’est pas devenir mystique ni chercher des signes partout. C’est juste apprendre à être honnête avec ce que tu ressens. C’est remarquer quand ton souffle se bloque, quand ta mâchoire se crispe, quand ton estomac se serre à une phrase anodine. C’est observer sans tout analyser. Parce que tu n’as pas besoin de comprendre tout de suite pour entendre. Tu as juste besoin de ressentir.
Commence petit : quand tu sens une tension, au lieu de la juger, pose ta main dessus. Respire dedans. Demande-toi simplement : “Qu’est-ce que je retiens ? Qu’est-ce que je n’ose pas dire ?” Ton corps répond, toujours. Pas en mots, mais en sensations. Si tu apprends à décoder son langage, tu redeviens ton propre guide. Tu cesses de chercher les réponses à l’extérieur, parce que tu réalises qu’elles étaient inscrites en toi depuis toujours.
Et souvent, à ce moment-là, il se passe quelque chose d’incroyable : les douleurs changent de forme, les tensions se déplacent, les émotions refont surface, puis elles se libèrent. Ton corps n’avait jamais voulu te faire du mal. Il voulait juste que tu reviennes l’habiter.
Le retour à l’équilibre
Ton mental, c’est le capitaine du navire. Ton corps, c’est la mer. Et si le capitaine refuse d’écouter la houle, le bateau finit toujours par chavirer. L’équilibre, c’est quand les deux travaillent ensemble : le mental donne la direction, le corps indique la météo. Si tu veux avancer loin, tu dois apprendre à naviguer avec les deux. Écouter ton corps, ce n’est pas renoncer à la raison, c’est lui redonner sa place. Parce qu’il sait ce que ton esprit oublie : la vérité n’est pas dans ce que tu penses, mais dans ce que tu ressens.
Chaque fois que tu t’arrêtes, que tu respires, que tu écoutes une tension sans vouloir la supprimer, tu répares un lien. Tu réinstalles la confiance entre toi et toi. Et à partir de là, tu n’as plus besoin d’attendre qu’une douleur te parle : tu sais l’entendre dès qu’elle murmure. Tu deviens ton propre espace de sécurité. Et c’est là, exactement là, que ton corps arrête de crier. Parce qu’il sait qu’enfin, tu l’écoutes.
Si ton corps te parle en ce moment, ne le fais pas taire. Jette un œil à ces 52 semaines pour te remettre au centre de ta vie, imaginées par Francis Machabée, un homme dont la sensibilité et la justesse me touchent profondément. C’est une façon simple de recommencer à t’écouter, sans te brusquer.
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